Sur la rive du Dubai Creek Harbour, les grues découpent encore le ciel, mais l’histoire qui se prépare est déjà écrite: dans environ trois ans, Dubai Square doit ouvrir ses portes comme une véritable ville commerçante sous verrière. Pensé comme une « métropole du retail » plutôt qu’un centre commercial classique, le projet mélange rues, places, boutiques, logements et hôtels dans un même décor urbain ultratechnologique. Après une période de pause et de redessin, les développeurs ont relancé la machine avec un horizon d’ouverture concret. Pour les habitants, les enseignes internationales et les investisseurs immobiliers, le compte à rebours est enclenché – et il pourrait remodeler tout un morceau de ville.
Le soleil baisse sur le Dubai Creek Harbour et se reflète sur les flaques de béton frais. Un bruit sourd de marteau-piqueur résonne, des camions reculent en bipant, des ouvriers traversent la poussière comme des silhouettes en contre-jour. Au bord du chantier, un contremaître s’arrête, essuie la sueur de son front et sourit : « Dans trois ans, ici, ce sera des vitrines et des terrasses, plus des bulldozers. »
Ce « ici », c’est Dubai Square – un projet qui ressemble moins à un centre commercial et plus à un quartier entier compressé sous un ciel de verre. Aujourd’hui, ce ne sont que des fondations, des pieux, des lignes tracées au spray fluo. Demain, ce doit être l’une des destinations shopping et loisirs les plus ambitieuses de la région.
Dubai Square n’est pas né hier. Il y a quelques années déjà, les promoteurs de Dubai Creek Harbour ont dévoilé ce concept de « retail métropolis » en bord de crique : une extension naturelle du grand masterplan waterfront que la ville développe à l’est. L’ambition était claire : ne pas ajouter un mall de plus, mais inventer une nouvelle façon de faire ville autour du commerce.
Plutôt que des couloirs fermés, l’idée repose sur des rues, des placettes, des galeries couvertes, protégées du soleil mais visuellement ouvertes. Des façades digitales qui changent de contenu au fil de la journée. Des restaurants, des appartements et des hôtels qui se mélangent aux boutiques. Un lieu où l’on fait bien plus que remplir un panier : on flâne, on travaille, on vit.
Puis le monde a ralenti. Crises, pandémie, avions cloués au sol, boutiques fermées… De loin, certains se demandaient si un tel projet avait encore du sens. L’époque n’était plus aux méga-investissements spectaculaires. Sur les réseaux, Dubai Square a peu à peu disparu des radars publics.
Mais Dubaï aime les retournements de scénario. De nouvelles informations en provenance des développeurs confirment aujourd’hui que le chantier est relancé, avec un objectif affiché : ouvrir Dubai Square dans environ trois ans. Après les rendus 3D et les grands mots, le projet retrouve un calendrier précis – et un sentiment d’urgence.
Sur le terrain, le changement d’échelle se voit. Les géomètres alignent leurs trépieds, les foreuses plantent les premiers pieux profonds, les ingénieurs parcourent les plans au bord des fouilles. En parallèle, les équipes de design ajustent l’architecture : tailles des placettes, hauteurs sous verrière, jeux de lumière et de ventilation, intégration des flux piétons et automobiles.
L’objectif est d’ouvrir une première phase suffisamment dense pour être une destination à part entière : un réseau de rues commerçantes, des vitrines emblématiques, des terrasses animées, quelques grandes attractions et un calendrier d’événements capable d’attirer aussi bien les touristes que les résidents. Le reste du quartier continuera de pousser autour, comme une ville qui se construit autour de sa place centrale.
De l’extérieur, Dubai Square devrait rompre avec l’image du « gros bloc de béton climatisé ». Le projet se veut poreux, lisible, urbain : des boulevards ombragés au rez-de-chaussée, des angles ouverts vers la promenade du Creek, des façades qui laissent voir la vie intérieure. Entre la skyline et l’eau, un nouveau centre de gravité se dessine.
Quand on décrit Dubai Square à des retailers, les mots qui reviennent sont « ville », « quartier », « destination ». Certains parlent d’une « mini-ville sous cloche ». C’est précisément l’objectif : brouiller les frontières entre shopping, loisirs, habitat et travail.
Les premiers visuels montrent des rues couvertes par d’immenses verrières, baignées de lumière douce. Des écrans intégrés aux façades diffusent tantôt de l’art numérique, tantôt des campagnes de marques. Au centre, une grande place peut se transformer en scène de concert, en marché ou en fan zone selon la saison. On ne suit plus un parcours imposé ; on se perd volontairement, on choisit ses propres diagonales.
Le programme s’envisage par strates :
Chaque séquence vise une ambiance précise : une cour calme avec un café et une librairie; une ruelle effervescente où food trucks, kiosques et street artistes se répondent; une avenue élégante où les enseignes de luxe s’alignent sous un plafond lumineux. Le shopping devient décor, prétexte, expérience collective.
À l’heure où quelques clics suffisent pour commander un panier entier, on pourrait croire les grands centres commerciaux condamnés. Dubaï raconte une autre histoire : celle d’une ville qui transforme le retail en loisir et en tourisme.
Le shopping reste l’un des moteurs de l’économie locale et un argument majeur pour les visiteurs internationaux, qui sont des millions à choisir Dubaï chaque année. Mais ces visiteurs-là ne se contentent pas de remplir des sacs. Ils veulent des lieux où traîner, poster des stories, découvrir des concepts, vivre des expériences qu’un écran ne reproduit pas.
Pour les habitants également, la mall-culture fait partie du quotidien. Le centre devient la place du village climatisée : on y fait ses courses, mais on y retrouve aussi des amis, on y amène les enfants, on y reçoit de la famille en visite. Avec Dubai Square, Dubaï pousse cette logique un cran plus loin, en injectant davantage de « ville » dans la formule.
Les développeurs parient aussi sur un futur hybride du commerce. Les boutiques se transforment en scènes de marque; l’acheteur passe de l’essayage physique à la commande en ligne; les vitrines deviennent interactives; les données issues des applications nourrissent l’expérience en temps réel. Un lieu comme Dubai Square sert alors de grand théâtre pour cette convergence entre physique et digital.
Pour saisir concrètement ce que Dubai Square peut changer, il suffit d’observer une fin de journée sur la promenade existante de Dubai Creek Harbour. Des enfants jouent au bord de l’eau, des joggeurs slaloment, des couples s’arrêtent pour photographier le ciel qui vire au violet. Quelques restaurants et cafés bordent déjà le front de mer.
Ajoutez maintenant, à quelques minutes à pied, un cœur urbain complet. Un jeune actif quitte son bureau dans le quartier, rejoint une amie sous les arcades de Dubai Square, fait deux ou trois achats, s’offre un dîner sur une terrasse en hauteur, et finit la soirée devant un spectacle immersif. Une famille descend de sa tour résidentielle voisine pour le petit-déjeuner du samedi, traverse une place où se tient un marché de créateurs, puis embarque pour une promenade en bateau sur le Creek.
Les professionnels du retail s’y projettent déjà. Une directrice régionale d’une grande enseigne de lifestyle regarde les plans, pointe du doigt un angle sur une future promenade : « Là, ce serait parfait. Pas seulement pour les ventes, mais pour l’image. Quand les gens posteront des photos de ce spot, notre façade sera dans le cadre. »
Pour les habitants qui ont acheté tôt des appartements à Dubai Creek Harbour, l’ouverture de Dubai Square représente une sorte de passage à l’âge adulte du quartier. Avec une mall-ville à portée d’ascenseur, ils n’achètent pas seulement des mètres carrés, mais un mode de vie.
À Dubaï, les grands projets laissent rarement la ville intacte. The Dubai Mall a métamorphosé Downtown en carte postale mondiale et tiré vers le haut les valeurs immobilières alentour. Mall of the Emirates a ancré Al Barsha comme pôle résidentiel et commercial. Dubai Hills Mall commence à jouer le même rôle pour la nouvelle ceinture verte de la ville.
Dubai Square est appelé à devenir l’aimant du versant est. Sa clientèle ne se limitera pas aux tours de Dubai Creek Harbour : le projet captera aussi les habitants des quartiers voisins, les passagers en transit, les touristes logés près de l’aéroport. Il formera le cœur animé d’un morceau de ville qui, hier encore, n’existait que sur des plans.
Peu à peu, les flux vont se redessiner : nouvelles lignes de bus, circuits de taxis, passerelles piétonnes entre waterfront et rues couvertes. Un jour, dire « On se retrouve au Creek » ne renverra plus seulement au bord de l’eau, mais à un véritable centre urbain, avec ses habitudes, ses rendez-vous, ses rituels.
Pour les investisseurs immobiliers, Dubai Square n’est pas seulement un projet spectaculaire dans les magazines d’architecture. C’est un futur moteur de valeur, capable de redistribuer les cartes autour de Dubai Creek Harbour. L’histoire récente de la ville montre à quel point un pôle retail fort peut influencer un marché résidentiel et hôtelier.
Downtown en est le meilleur exemple : la présence de The Dubai Mall, de la fontaine, des hôtels et des espaces publics animés a contribué à installer le quartier comme une adresse prisée, avec une demande soutenue pour les appartements, les résidences de marque et les unités en location courte durée. Les loyers et les prix de vente y ont souvent intégré une « prime destination » par rapport à des secteurs plus anonymes.
Dubai Creek Harbour, avec Dubai Square comme pièce maîtresse, pourrait suivre une trajectoire comparable. Plusieurs angles d’analyse s’imposent aux investisseurs :
Les opportunités ne vont pas sans incertitudes. Les calendriers de grands chantiers peuvent évoluer, la conjoncture mondiale influencer les flux touristiques, l’équilibre entre offre et demande de surfaces commerciales mérite d’être surveillé. Les investisseurs avisés suivront donc de près l’avancement des travaux, l’arrivée des infrastructures et la dynamique de pré-commercialisation des surfaces de Dubai Square.
Reste un constat : à Dubaï, les grandes destinations de loisirs et de shopping ont régulièrement redessiné la carte immobilière. Tandis que les grues s’activent au-dessus du Creek, certains investisseurs regardent déjà au-delà de la poussière, vers ce moment où les vitrines s’allumeront, où les terrasses se rempliront – et où cette « ville sous verre » deviendra l’un des nouveaux repères de valeur de la métropole.