Dubaï vibre, les écrans brillent, et une salle remplie de femmes braque l’IA sur la ressource la plus précieuse du Golfe : l’eau. La Délégation de l’Union européenne aux Émirats arabes unis et le Dubai AI Campus lancent un idéathon d’IA réservé aux femmes pour faire naître des prototypes capables de traquer les fuites, d’affiner l’irrigation, d’optimiser la désalinisation et de rendre la qualité de l’eau visible en temps réel. Étudiantes, chercheuses et fondatrices travaillent avec des mentors venus de l’industrie et du monde académique. Un jury met en lumière les idées phares, avec à la clé mentorat, visibilité et passerelles vers des pilotes.
La journée commence au souffle d’un espresso et au ronronnement des laptops. Des cartes se déploient en bleus et ocres. Entre les lignes de code, des courbes frémissent comme des battements. « Si on filtre le bruit, on entend la fuite », chuchote une participante en ajustant un modèle sur des données de canalisation. Une autre suit du doigt des tuiles satellites—palmeraies, conduites, toits. Au centre, une petite scène blanche, tendue comme un ressort.
Ici, au Dubai AI Campus, l’idéathon assume un parti pris: femmes uniquement, pleine lumière, mission claire. En partenariat avec la Délégation de l’UE aux EAU, il agrège les talents, ouvre des réseaux et met les idées en mouvement—pour quelque chose d’aussi précieux que l’or dans le désert : l’eau.
La région grandit. Les villes scintillent. Les champs ont soif de vie. Mais l’eau manque, coûte cher, et demande de l’énergie. L’IA peut faire compter les détails : 1 % de pertes en moins, quelques degrés gagnés dans les boucles de refroidissement, une alerte déclenchée plus tôt—tout s’additionne. L’idéathon va là où les données existent déjà, mais où l’éclairage manque : sous les rues, dans les tuyaux, au cœur des parcelles et des usines.
Les équipes se font dans un mélange de rires et de chuchotements. Les mentors avancent au rythme des questions et des déclics. Les ateliers jonglent entre pratique et horizon : détection d’anomalies dans les signaux de pression, interprétation d’images de drones, garde-fous éthiques pour des modèles qui orientent des décisions sur l’eau. Puis viennent les pitches : trois minutes, une histoire, une preuve de concept, et la suite en ligne de mire.
Entre code et café, des micro-dialogues restent en tête. « On peut apprendre au modèle à entendre une fuite. » « Ou à la sentir—chimiquement, tu vois, des variables proxy. » Rires. Puis on retape. Le soir venu, ce ne sont plus des idées mais des démos cliquables—des graphiques qui parlent, des mots qui ouvrent des portes : « Pilote ? On est prêtes. »
Les meilleures équipes repartent avec plus que des applaudissements : du mentorat, des connexions, et la possibilité de continuer au Dubai AI Campus tout en explorant, via des partenaires de la Délégation de l’UE, des accès à des opérateurs, des services municipaux et des laboratoires. L’idéathon n’est pas une fin mais une rampe de lancement—vers un écosystème en quête de solutions qui passent à l’échelle, mesurent leur impact et inspirent confiance.
Il flotte aussi autre chose : de l’aisance. Des femmes qui définissent l’IA, pas seulement qui l’utilisent. Qui traduisent leurs points de vue—du foyer aux champs en passant par le quartier—dans des modèles plus justes parce qu’ils contiennent davantage de réalité.
Les énigmes de l’eau dans la région ne se résoudront pas en une nuit. Mais chaque indicateur qui recule—pertes, consommation, arrêts—change la trajectoire. L’idéathon livre des briques : qualité des données, collaboration, prototypes assez courageux pour accepter l’imperfection et affronter le réel des réseaux. À mesure que des pilotes émergent, les courbes à l’écran ne seront pas seulement plus belles. Elles laisseront des traces—dans les canalisations, sur les parcelles, à la maison.
L’eau est à la fois coût, pilier ESG et facteur de risque. Promoteurs, propriétaires et financeurs peuvent traduire ces idées directement dans les actifs :
L’investisseur gagne des deux côtés : opex en baisse, flux de trésorerie plus résilients. Les développeurs marquent des points tôt en intégrant capteurs, flux de données et cas d’usage IA dès la conception. Les équipes techniques obtiennent des outils qui n’alertent pas seulement, mais apprennent—et s’améliorent heure après heure. De l’idéathon à la valeur d’actif : la boucle est bouclée.